Netbourgogne.com

La Bourgogne d'un clic

Poème du jour

"Souvent, à la clarté rouge d'un réverbère
Dont le vent bat la flamme et tourmente le verre,
Au cœur d'un vieux faubourg, labyrinthe fangeux
Où l'humanité grouille en ferments orageux
,

On voit un chiffonnier qui vient, hochant la tête,
Butant, et se cognant aux murs comme un poëte,
Et, sans prendre souci des mouchards, ses sujets,
Épanche tout son cœur en glorieux projets.

Il prête des serments, dicte des lois sublimes,
Terrasse les méchants, relève les victimes,
Et sous le firmament comme un dais suspendu.
S'enivre des splendeurs de sa propre vertu.

Oui, ces gens harcelés de chagrins de ménage,
Moulus par le travail et tourmentés par l'âge,
Éreintés et pliant sous un tas de débris,
Vomissement confus de l'énorme Paris,

Reviennent, parfumés d'une odeur de futailles,
Suivis de compagnons, blanchis dans les batailles,
Dont la moustache pend comme les vieux drapeaux.
Les bannières, les fleurs et les arcs triomphaux

Se dressent devant eux, solennelle magie!
Et dans l'étourdissante et lumineuse orgie
Des clairons, du soleil, des cris et du tambour,
Ils apportent la gloire au peuple ivre d'amour!

C'est ainsi qu'à travers l'Humanité frivole
Le vin roule de l'or, éblouissant Pactole;
Par le gosier de l'homme il chante ses exploits
Et règne par ses dons ainsi que les vrais rois.

Pour noyer la rancœur et bercer l'indolence
De tous ces vieux maudits qui meurent en silence,
Dieu, touché de remords, avait fait le sommeil;
L'Homme ajoute le Vin, fils sacré du Soleil!
"

Charles Baudelaire

(Le vin des chiffonniers)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Youk est poète aujourd'hui ... Il vieillit ...
Répondre
F
SI TU ME PAYES UN VERRE <br /> Si tu me payes un verre, je n'te demand'rai pasOù tu vas, d'où tu viens, si tu sors de cabaneSi ta femme est jolie ou si tu n'en as pasSi tu traînes tout seul avec un coeur en panneJe ne te dirai rien, je te contempleraiNous dirons quelques mots en prenant nos distancesNous viderons nos verres et je repartiraiAvec un peu de toi pour meubler mon silence Si tu me payes un verre, tu pourras si tu veuxMe raconter ta vie, en faire une épopéeEn faire un opéra... J'entrerai dans ton jeuJe saurai sans effort me mettre à ta portéeJe réinventerai des sourir' de gaminJ'en ferai des bouquets, j'en ferai des guirlandesJe te les offrirai en te serrant la mainIl ne te reste plus qu'à passer la commande Si tu me payes un verre, que j'ai très soif ou pasJe te regarderai comme on regarde un frèreUn peu comme le Christ à son dernier repasComme lui je dirai deux vérités premièresIl faut savoir s'aimer malgré la gueul' qu'on aEt ne jamais juger le bon ni la canailleSi tu me payes un verre, je ne t'en voudrai pasDe n'être rien du tout... Je ne suis rien qui vaille Si tu me payes un verre, on ira jusqu'au boutTu seras mon ami au moins quelques secondesNous referons le monde, oscillants mais deboutHeureux de découvrir que si la terre est rondeOn est aussi ronds qu'elle et qu'on s'en porte bienTu cherchais dans la foule une voix qui répondeAlors, paye ton verre et je t'aimerai bienNous serons les cocus les plus heureux du monde <br /> * * * * * <br /> Bernard Dimey
Répondre